Les heures sombres éclairent les chemins alternatifs

Au cœur de la nuit, lorsque les pleines lunes s’élèvent, les pratiques païennes sortent des ombres.

Renaître des cendres

Depuis des siècles, les femmes dotées de savoirs guérisseurs et les ermites explorant la profondeur des mythes et de la nature ont été perçus comme des menaces pour les cercles religieux dominants.

Leurs pratiques furent interdites, leurs outils, leurs livres, leurs corps réduits en cendres.

Or les communautés contemporaines s’approprient ces rituels oubliés et leur donnent un nouveau sens politique et spirituel, défiant les monolithes du monothéisme.

Croisade contre les croisés

Les sorcières modernes partagent leurs pratiques dans leurs toiles numériques, concoctant sortilèges et potions pour se protéger des affronts extérieurs.

Il est fascinant de constater comment ces communautés, à la fois rétro et néo païennes, prolongent leurs luttes sociétales contre le patriarcat jusque dans le domaine de la spiritualité. Elles interrogent la place des hommes à la tête des religions, ainsi que l’espace laissé à la spiritualité dans un monde où une grande partie des croyants est méprisée et dépossédée de son pouvoir.

Préférant les cercles de sœurs à une figure paternelle divine affublée d’or et de soie, elles dirigent leur pouvoir et leur attention vers Mère Nature, avec toute la maternité et le chaos qu’elle incarne.

Relier les étoiles et les âmes

D’autres sont des contemplateurs nocturnes, explorant les anciennes cartes du ciel pour dévoiler l’essence de votre existence. L’astrologie, autre branche de l’ésotérisme, est adoptée par des minorités, comme la communauté queer. Les praticiens y trouvent dans les corps célestes un réconfort pour créer et revendiquer leur propre récit, face aux conservateurs qui les ont condamnés aux enfers et à la décadence.

À l’image des signes qu’ils dessinent dans le ciel, tout comme on trace les racines et les branches d’un arbre généalogique, ces communautés forment de nouvelles familles, liées par la lumière. Traduire les personnalités sous forme schématique pour trouver des âmes sœurs cosmiques exprime une nouvelle manière de se connecter, selon des règles inédites. Suivre et lire les cycles des corps astraux permet d’échapper à la violence des rejets terrestres.

Nouvelles réalités

Mon admiration pour ce néo-ésotérisme, réside dans sa capacité à transmettre de nouvelles valeurs à travers des domaines esthétiques.

La beauté qu’offre les cartes célestes, les ingrédients des potions et le chaudron, l’esthétique inscrite dans des signes et des symboles, dans les gestuelles et les danses, sont autant d’épitomés qui traversent mon esprit. Échappant à l’ordre politique des monothéismes, ces nouvelles spiritualités jouissent d’une liberté supérieure d’expérimentation et d’expression des talents.

Ce système esthétique complète les questions philosophiques. Reconnecter les humains aux cycles naturels plutôt que de s’en remettre à des perceptions linéaires du temps et à des schémas anthropocentriques offre une clé subtile pour appréhender les défis contemporains : notre vulnérabilité et notre humilité face à la nature, ainsi que notre idéal de bâtir des liens sociaux solides et pacifiques.

Bien que le mouvement New Age et l’hyper-individualisme puissent influencer ces spiritualités ésotériques, elles peuvent aussi engendrer de nouvelles connexions, qui pourraient donner naissance à une forme de religion dans son sens étymologique de religare. Ce n’est qu’alors que nous pourrons remettre en question le statu quo de telles organisations et révéler de nouvelles spiritualités, complétant des cercles infinis pour comprendre notre place dans la nature et notre essence mortelle fondamentale.

Witching hour enlightening alternative paths

In the middle of the nights, when full moons rise, pagan practices crawl out of the shadows.

Rising from the ashes

For ages, women empowered with healing knowledge, hermits exploring the depth of myths and nature, have been considered as threats to mainstream religious circles.

Their practices were banned, their tools, their books, their bodies burnt to ashes.

Interestingly, contemporary communities adopt the lost rituals and give a new political and spiritual sense against the monotheist monoliths.

Crusading against crusaders

New born witches are sharing their practices on digital webs, crafting spells and potions to shield themselves from external affronts.

It’s fascinating to see how these retro yet neo-communities extend their societal fights against patriarchy to the domain of spirituality. It raises questions on the place of men at the head of religions, on the room for spirituality when a major part of believers are untrusted and made powerless.

Preferring circles of sisters instead of a god-father figure infatuated with gold and silks, the power and focus is directed towards Mother Nature in all the maternity and chaos it embeds.

Linking stars and souls

Others are night gazers, exploring the past maps of the sky to unveil the essence of your existence. Astrology is another branch of esotericism minorities such as the queer community is adopting. Practitioners seek in the heavenly bodies the comfort to create and own their narrative against the conservatives who condemned them to the depth of hell and decadence.

As the signs they draw in the skies, as we draw the roots of a genealogy tree, those communities can form new families bound by lights. Translating schematically personalities to find star-mates expresses a new form of connection abiding by new rules. They follow and read through the prism of astrological bodies cycles, escaping from the violence of rejections.

New realities

What I admire in this neo-esotericism is the ability to convey new values through aesthetic realms.

Beauty lies in the sky, in the potions’ ingredients and the caldron, in the representation of signs and symbols, in the gestures and dances. As these new spiritualities escape the political order of monotheisms, they have superior freedom of experiments and expressions of talents.

This aesthetic system is complementing philosophical matters. Reconnecting humans to natural cycles instead of relying on linear time perceptions and anthropocentric schemes represent a subtle key to apprehend contemporary challenges - our weakness and humility in front of nature, our ideal to build strong social links and peace.

Although new age movement and hyper-individualism may be involved in esoteric spiritualities, they can create new connections, that might trigger a form of religion in its etymological sense of “religare”. Only then will we be able to question again the status quo of such organizations and reveal new spiritualities, completing endless circles to apprehend our place in nature and our fundamental mortal essence.